Les maladies de l'audition et leurs traitements

1    L’OREILLE, L’AUDITION ET L’EQUILIBRE
1.1    Le son, le bruit, la musique ...
1.2    Le fonctionnement auditif  
1.3    L’oreille, organe de l’équilibre
2    LES TROUBLES DE L’AUDITION
2.1    Surdité et malentendance
2.2    Les causes de la perte auditive
•   Surdité de transmission
•   Surdité de perception
2.3    Autophonie
2.4    Acouphènes, objectifs, subjectifs
•   Acouphènes objectifs
•    Acouphènes subjectifs
2.5    Hyperacousie
2.6    Hallucinations auditives
2.7    Maladie de Ménière
3    LES TROUBLES DE L’ÉQUILIBRE
4    LES EXAMENS AUDITIFS
4.1    L'audiogramme
4.2    L'étude des potentiels évoqués auditifs
4.3    Le scanner et l’IRM
5    LES DIFFERENTS TRAITEMENTS DES TROUBLES DE L’AUDITION
5.1    Chirurgie
5.2    Appareillage auditif externe
5.3    Implants
5.4    Acouphènes

1    L’OREILLE, L’AUDITION ET L’EQUILIBRE

L’oreille est l’organe de l’audition aussi bien que de l’équilibre
1.1    Le son, le bruit, la musique ...
-    Le son est une vibration qui se propage dans l’air, sous forme d’une variation de pression.
-    Plus cette variation est rapide, plus le son est aigu, plus elle est lente plus le son est grave : la fréquence d’un son est le nombre de vibrations par seconde.
-    Plus cette variation est grande plus le son est fort ou puissant : on mesure cette puissance dans une échelle logarithmique en décibel.
-    L’oreille recueille ces variations de pression et les transforme en signaux électriques qui seront transmis au cerveau par le nerf auditif
1.2    Le fonctionnement auditif
L’oreille est composée de 3 parties
-    L’oreille externe. Le pavillon capte le son, le conduit auditif le guide jusqu’au tympan.
-    L’oreille moyenne. Le tympan, membrane souple comme celle d’un tambour, vibre sous l’effet des variations de pression. Derrière le tympan la chaîne des osselets transmet mécaniquement les vibrations jusqu’à l’oreille interne
-    L’oreille interne. La cochlée est la partie de l’oreille interne qui décode les sons. Baignant dans un liquide, l’endolymphe, elle contient les cellules ciliées externes et internes : ces dernières transforment les vibrations du liquide transmises par les osselets en signaux électriques qui sont alors eux-mêmes transmis au cerveau par le nerf auditif.







Schéma des trois parties de l'oreille
  : e         oreille externe
 : m   oreille moyenne
 : i        oreille interne
Vidéo descriptive du fonctionnement de l’oreille ( Doc MEDEL)


1.3    L’oreille, organe de l’équilibre
-    Le vestibule.
En plus de la cochlée, l’oreille interne comporte le vestibule, organe muni de trois anneaux semi-circulaires remplis de liquide, qui enregistrent tous les mouvements de la tête, dans les trois directions de l’espace.
Les signaux émis par les cellules du vestibule sont transmis au cerveau par le nerf vestibulaire. Le cerveau analyse ces informations et les combine avec les informations visuelles et les sensations de la plante des pieds pour « calculer » notre équilibre et commander les muscles.

2    LES TROUBLES DE L’AUDITION

2.1    Surdité et malentendance
Le niveau global de perte auditive est calculé en décibels sur l'oreille qui entend le mieux. Ainsi on définit :
-    La surdité légère : de 20 à 39 décibels de perte auditive. La personne fait répéter son interlocuteur dès la perte de 30 décibels, sur les sons aigus
-    La surdité moyenne : de 40 à 69 décibels de perte auditive. Le niveau de 40 décibels est le premier niveau majeur de handicap. En effet, la personne ne comprend que si son interlocuteur élève la voix
-    La surdité sévère : de 70 à 89 décibels de perte auditive, la communication devient vraiment difficile en toute circonstance.
-    La surdité profonde : de plus de 90 décibels de perte auditive. La personne n'entend plus la parole.

N.B. L'appareillage est pris en charge par la sécurité sociale et les mutuelles à partir d'une perte auditive moyenne de 30dB, ou d'une perte de 30 dB dans les aiguës. (voir notre page 100% santé)

2.2    Les causes de la perte auditive
-    Surdité de transmission. Les surdités de transmission concernent l’oreille externe et l’oreille moyenne. De nombreuses causes, souvent mécaniques peuvent gêner le fonctionnement de ces parties de l’oreille :
•    Obstruction du canal auditif, par un bouchon de cérumen ou du fait d’une malformation
•    Epaississement ou perforation du tympan, notamment à la suite d’otites à répétition.
•    Blocage ou fragilisation de la chaîne des osselets. Une des maladies les plus courantes de  l’oreille moyenne est l’otospongiose qui se traduit par un blocage de l’articulation du 3ème osselet, l’étrier, au niveau de la fenêtre ovale.
-    Surdité de perception. Les surdités de perception concernent l’oreille interne. Les causes de ces surdités sont liées à la destruction totale ou partielle des cellules ciliées :
•    Causes accidentelles : bruits trop forts, accidents de plongée ou conséquences de traumatismes crâniens.
•    Causes pathologiques : malformations, maladie de Ménière, conséquences d’une infection, d’une otite ou des oreillons.
•    Peuvent également intervenir des atteintes du nerf auditif, notamment sous forme de tumeurs (neurinomes de l’acoustique)

2.3    Autophonie
C'est la sensation de « s'entendre parler » dans une des deux oreilles. Le patient a l'impression d'une oreille pleine, les sons paraissent cotonneux. L'autophonie provient le plus souvent d'un problème au niveau de la trompe d'Eustache, appelé béance tubaire.

2.4    Acouphènes
Les acouphènes sont des bruits entendus par le patient en absence de son environnant. Ils disparaissent souvent spontanément. Ils peuvent avoir plusieurs causes.
-    Acouphènes objectifs  Ce sont des bruits réels, entendus par l’oreille, mais provenant de l’intérieur du corps. Ils sont rares (1% des cas) et peuvent avoir deux types de causes.
•    Des causes mécaniques : une trompe d'Eustache bouchée (on entend alors le frottement de l'air de la respiration).
•    Des causes circulatoires : le patient entend le bruit du sang qui passe par une anomalie artérielle
-    Acouphènes subjectifs  Ce type d’acouphène est généré le plus souvent par la cochlée, en l’absence de vibration extérieure transmise par l’oreille moyenne. Les causes sont plus difficiles à identifier, et plus difficiles à soigner, ils apparaissent souvent après un traumatisme auditif ou accompagnent un début de surdité.
•    Des maladies cardio-vasculaires (hypertension, athérosclérose) peuvent favoriser les acouphènes.
•    Le tabac et l'alcool associés les aggravent
•    Avec l’âge, les personnes souffrent souvent d'acouphènes liés à la baisse de leur audition (presbyacousie).
•    Les acouphènes peuvent aussi avoir une origine nerveuse : tumeur nerveuse, traumatisme crânien...
•    D’autres causes comme des problèmes de l’articulation maxillaire sont à contrôler.
•    Des acouphènes temporaires peuvent apparaître après une exposition prolongée à des bruits forts (boîtes de nuit ou lecteur MP3) : ils sont alors le signe d’une fatigue de l’oreille interne, et doivent inciter à la prudence, même s’ils disparaissent rapidement.


2.5    Hyperacousie
C'est le fait d'entendre les sons trop forts. L'hyperacousie est souvent associée à des acouphènes. Maladie traumatisante, elle pousse le patient à s’isoler afin d’éviter tout bruit.

2.6    Hallucinations auditives
Elles correspondent à la perception de sons qui ne sont entendus que par le sujet. Elles peuvent être causées par une tumeur ou une lésion au niveau du cerveau.

2.7    Maladie de Ménière
La maladie de Ménière associe trois symptômes : vertiges, surdité et acouphènes
Voir conférence sur la maladie de Ménière ( 2017)

3    LES TROUBLES DE L’ÉQUILIBRE

Ils sont à l’origine des vertiges. La personne a l’impression que l’environnement se met à bouger (tourner le plus souvent) et risque de tomber.
Moins graves mais tous aussi désagréables sont les sensations vertigineuses, on a alors l’impression qu’on va tomber, un peu comme une sensation d’ébriété.
Les trois causes principales de vertiges sont :
•    Les vertiges positionnels paroxysmiques bénins VPPB, dus à de petits cristaux qui se déplacent dans les canaux semi-circulaires de l’oreille interne : le vertige est violent, mais en général de courte durée, il intervient lors des changements de position. (Cela se soigne très bien par des manipulations de kinésithérapie)
•    La névrite vestibulaire, inflammation du nerf vestibulaire : elle génère une grande crise de vertiges qui peut durer plusieurs jours et régresse progressivement
•    La maladie de Ménière : elle génère des crises de vertiges, de 20 minutes à plusieurs heures. Ces crises plus ou moins fréquentes ont tendance à s’atténuer avec le temps et laissent souvent place à un déficit d’équilibre et à une surdité évolutive. (Voir conférence sur la maladie de Ménière)
Mais les vertiges peuvent aussi être les manifestations visibles de troubles tels qu’un AVC, une intoxication au plomb ou une maladie neurologique.

4    LES EXAMENS AUDITIFS

4.1    L'audiogramme
Il y a deux types d’audiogrammes : l’audiogramme tonal et l’audiogramme vocal.
-    L’audiogramme tonal
Le test permet de définir le seuil de perception des sons en fonction de la fréquence : on fait entendre dans un casque, dans une oreille puis dans l’autre, un son pur, successivement dans chaque bande de fréquence, et on demande au patient d’indiquer à quel moment il le perçoit.
Le tracé résultant permet d’évaluer la perte auditive (sur l’illustration l’oreille droite a une audition normale, l’oreille gauche présente un déficit assez net dans les fréquences moyennes.)
On complète souvent le test en faisant écouter les sons par l’intermédiaire d’un vibreur posé sur le crâne juste à côté de l’oreille, une différence entre les deux tests indique une surdité de transmission.( sur l'illustration croix et pointillés : pas de différence)
-    Audiogramme vocal
On fait écouter au patient une liste de mots choisis pour leurs caractéristiques sonores et on lui demande de les répéter : le tracé retranscrit le pourcentage de mots correctement répétés en fonction du niveau sonore. On peut aussi faire un test complémentaire en présence d’un bruit ambiant.
(Sur l’illustration le patient A a une audition normale, le patient B comprend 50 % des mots à 40 décibels et 100 % des mots à 50 décibels, le patient C comprend au maximum 70% des mots à 80 décibels et comprend moins bien lorsque le son est très fort)
Pour les enfants de moins de 6 ans on adapte ces tests en fonction de l’âge pour tester leur compréhension, les tests reviennent donc le plus souvent à faire réagir l’enfant. Pour les plus jeunes avec des jouets sonores, puis à partir de 3 ans en leur demandant de montrer sur un écran l’image correspondant au son qu’ils entendent. 

4.2    L'étude des potentiels évoqués auditifs
Ce test permet surtout de diagnostiquer ou d’éliminer le risque de neurinome de l’acoustique.
Il consiste à placer des électrodes sur la surface du front et des tempes, pour relever l’activité électrique du nerf auditif lorsque des sons sont reçus par l’oreille. On envoie un son dans une oreille, et on note la modification de potentiel électrique qui en résulte, immédiatement après. Cette mesure très précise (quelques microvolts, sur quelques millisecondes) permet de relever les anomalies de transmission de l’information entre l’oreille interne et le cerveau.

4.3    Le scanner et l’IRM
Ces deux examens sont utilisés pour connaître la constitution interne de l’oreille. Ils sont systématiquement pratiqués avant la pose d’un implant cochléaire pour être sûr qu’il n’y a pas de contre-indication.
-    Le scanner sert plutôt à étudier l’oreille moyenne et les structures osseuses de l’oreille interne et à repérer ainsi des malformations, les conséquences d’otites, les détériorations des osselets dus à l’otospongiose, ou les conséquences de traumatismes.
-    L’IRM permet plutôt d’analyser l’oreille interne et d’y repérer les kystes, tumeurs, défauts d’irrigation sanguine, ainsi que d’avoir des renseignements sur les liquides qui remplissent l’oreille interne.

5    LES DIFFERENTS TRAITEMENTS DES TROUBLES DE L’AUDITION

Aucun traitement ne peut restituer une parfaite audition.
Avec les appareillages, on optimise la fonctionnalité des reliquats auditifs. De plus, malgré l’existence de microphones directionnels et de nombreux algorithmes de traitement du signal, la compréhension de la parole dans le bruit reste limitée.

5.1    Chirurgie :
La correction peut prendre différents aspects,
-    Reconstitution de la chaîne des osselets, reconstitution d’un osselet détérioré, remplacement d’un osselet ou remplacement total des trois à l'aide de prothèses en titane ou autres matériaux.
-    Reformation du tympan par greffe d’un tissu prélevé sur la personne elle-même.
-    Pose d'un drain transtympanique (yoyo): intervention courante chez les enfants, le yoyo est un tube placé au niveau de la membrane tympanique qui permet une aération de l’oreille moyenne. Un yoyo peut être posé en cas d'otites à répétition. L'opération se réalise sous anesthésie. De nos jours antibiotiques et anti-inflammatoires permettent de moins recourir à ces techniques.

5.2     Appareillage auditif externe
-    L'appareillage auditif externe ne soigne pas la cause de la surdité, mais compense partiellement la perte auditive. Il est indiqué dans presque toutes les surdités, mais peut ne pas suffire. Cet appareillage nécessite une motivation du patient, car au départ une phase d'adaptation est nécessaire. Les textes fixent maintenant des critères objectifs pour la prescription d’un appareillage (seuil calculé sur l’audiogramme tonal ou sur l’audiogramme vocal ou seuil de perte d’intelligibilité dans le bruit) On considère aujourd’hui que l'appareillage permet une bonne gymnastique cérébrale pour les personnes âgées et peut permettre de retarder les effets du vieillissement des cellules du cerveau.  
(Voir pages aides techniques : appareils auditifs)
5.3    Implants

5.4    Traitement des acouphènes
Trois axes sont généralement proposés :
-    Améliorer la tolérance : thérapie comportementale cognitive, sophrologie, hypnothérapie.
-    Lutter contre le mécanisme même de l'acouphène: thérapie acoustique d’habituation (TAH), thérapie sonore séquentielle (TSS), masqueurs d’acouphènes, stimulation magnétique transcrânienne.
-    Améliorer l'audition : la plupart des acouphènes surviennent sur une oreille plus ou moins malentendante.
-    A noter : l’implant cochléaire, qui réalise une stimulation électrique du nerf auditif et des centres de l’audition, conduit en général à une disparition des acouphènes sur l’oreille implantée.




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