L'audition, un sens fragile à surveiller et à protéger

Les récentes recherches et découvertes sur l’audition ont dévoilé que ce sens est bien plus important pour une bonne qualité de vie qu’on ne l’envisageait.
C’est un sens fragile dont les cellules ne se renouvellent pas contrairement à d’autres.
Il faut donc être attentif non seulement à protéger ses oreilles d’intensités sonores trop élevées mais aussi à surveiller l’évolution (audiogrammes réguliers) car la perte est plus souvent légère et insidieuse que brutale.
La perte d’audition, dès le plus jeune âge (surdité périnatale) et jusqu’à tard (presbyacousie), entraîne isolement et difficultés d’insertion sociale, risques de dépression, pertes d’équilibre, difficultés d’apprentissage de la lecture chez les plus jeunes…, et vient de se révéler être le principal facteur de risque de démence chez les personnes âgées (8%).

L'audition

L’audition ne se résume pas à la perception d’un son, elle est l’un de nos 5 sens, qui nous relient et nous insèrent dans le monde: une lumière, un bruit, une odeur, un courant d’air sur la peau, un piquant sur la langue, ces signaux captent notre attention, en particulier la vision et l’audition, et mettent en alerte le cerveau qui les interprète puis construit le paysage qui nous entoure, en faisant appel à notre expérience et nos souvenirs. 

Nous ne nous arrêtons pas souvent pour penser à l’impact du son sur le cerveau parce qu’il est difficile de décrire les sons que nous entendons, contrairement à la vue : « fort », « aigu », « dissonant », ne peuvent dire s’il s’agit du crissement d’une voiture, d’un animal, d’une musique… 

La non-perception ou la mauvaise perception d’un ou plusieurs de ces signaux peut entraîner des situations à risque.

Son, bruit

  • Physiquement il n’y a pas de différence entre son et bruit, ce sont des vibrations qui se transmettent, en rythmes réguliers ou non, à travers l’air, (mais aussi l’eau ou d’autres matériaux), qui deviennent un son à partir du moment où elles sont perçues et gérées par l’oreille puis le cerveau.

L’intensité de ces vibrations est mesurée par les dB (décibels). 

  • Psychologiquement, un son devient un bruit lorsqu’il est désagréable, qu’il soit fort (un train passant…), ou faible (un robinet qui goutte devient insupportable). Les bruits les moins agréables activent le cerveau amygdalien (celui des émotions), tandis que les bruits agréables sont traités dans le cortex auditif (la partie chargée d’analyser les sons).

On a donc là un premier domaine de conséquences néfastes du bruit, celui des émotions, irritation, colère, fatigue, anxiété, sommeil perturbé, pouvant amener à des troubles cardio-vasculaires.

  • Biologiquement, c’est un domaine dont on n’a pas conscience, celui de la résistance physique des cellules auditives: à partir d’un certain seuil d’intensité, les cellules sont destructibles, mais elles n’envoient pas, (sauf parfois en cas d’acouphènes après un bruit violent ou continu), de signal de détresse (comme par exemple la douleur quand on se cogne violemment). Or, contrairement aux millions de cellules visuelles, nous ne possédons que 15000 à 20000 cellules auditives (distribuées dans l’oreille interne comme les notes d’un piano). Elles ne sont pas renouvelables, chaque perte est donc irréversible.
 >> Un premier conseil : pour protéger son audition, il faut éviter les sources sonores importantes !

Echelle des décibels des sons de la vie courante

Un niveau sonore inférieur à 85 dB est jugé sans danger. Cependant, écouter de la musique à 85 dB pendant 8 heures entraînera autant de dommages permanents qu’écouter de la musique à 100 dB peut en causer en moins de 15 minutes.  

Ainsi l’intensité n’est pas le seul critère, la durée et la fréquence d’exposition jouent aussi leur rôle. Car, et contrairement aux yeux, les oreilles n’ont pas de paupières pour reposer notre audition, elles sont en permanence exposées aux sons, alors que tout organisme a besoin d’alternance, de rythmes, pour assurer la continuité, la constance, de son existence : inspiration/expiration, jour/nuit, battements du cœur, impulsions musculaires, prévenant ainsi des tensions continues. 

On pense bien sûr aux bruits de l’environnement : lave-vaisselle, tondeuse à gazon, TV ou radio branchées en permanence…

Mais le domaine de la musique est aussi touché : les nouvelles technologies sonores permettent une écoute à des intensités et des durées qui ne sont pas limitées. A quoi s’ajoute la technologie de la compression : pour des raisons techniques, la musique est tassée sur une plage de 3 ou 4 décibels, les micro-silences disparaissent, l’espace sonore est saturé, et les cellules auditives n’ont plus de temps de repos. La musique plaisir devient alors une action agressive.

>> Le deuxième conseil : se réserver des plages de silence pour reposer ses oreilles !

Audition, cerveau et qualité de la vie sociale

On commence à mieux comprendre le rôle de l’audition sur le fonctionnement du cerveau et la qualité de la vie sociale. Selon certaines mesures, le système auditif est le réseau de neurones le plus développé. Aucun autre système sensoriel, vision comprise, n’est comparable à la vitesse à laquelle le système auditif traite le paysage sonore.  

Les sons de l’environnement, et la musique, entrent en résonnance par nos oreilles (le capteur le plus évident) mais aussi les cellules de notre corps : nous sommes sensibles aux vibrations sonores qui nous entourent car les sons se diffusent jusqu’au plus profond de nous. C’est ainsi qu’on peut se sentir en harmonie avec notre environnement.  

Dans le domaine de la communication, une bonne audition permet un échange instantané, précis, sans ambiguïtés ni malentendus. En cas de perte auditive (on l’expérimente déjà dans une ambiance bruyante de restaurant, concerts et autres situations), on ressent vite de la fatigue, physique ou mentale. L’échange verbal perd de la fluidité avec des conséquences psychologiques et intellectuelles.

 

  • Conséquences psychologiques :

La perte auditive entraîne une tendance à l’isolement, au retrait des relations sociales, pour fuir des situations désagréables.

Il faut donc être attentif à surveiller l’évolution de l'audition (audiogrammes réguliers) car la perte est plus souvent légère et insidieuse que brutale, et donc non perceptible avant la gêne, quand la parole devient difficilement compréhensible et que le cerveau a déjà perdu des capacités de discrimination auditive.

>> Le troisième conseil : surveiller son audition dès l’âge de 50 ans, au même titre que la vue et les dents.
  • Conséquences intellectuelles :

L’échange verbal maintient les capacités de raisonnement et de mémorisation. En cas de perte ou rupture de lien social, il est maintenant prouvé que la perte auditive est une des causes de démence.

>> Le quatrième conseil : compenser l’éventuelle perte auditive le plus tôt possible, avant même la prise de conscience, c’est-à-dire dès que le diagnostic est porté, grâce aux nouvelles technologies : appareils auditifs, implants…

Audition et équilibre

Enfin, il ne faut pas oublier que l’oreille interne assure notre sens de l’équilibre, par le système vestibulaire de l’oreille interne qui réagit comme un balancier aux mouvements du corps.

Également, les vibrations qui remontent du sol à nos oreilles nous permettent de percevoir les distances de chaque partie de notre corps par rapport au sol, ce qui nous permet de nous sentir « en équilibre » dans notre posture.

Une perte auditive peut entraîner une instabilité physique et donc des chutes.

Coût de la non prise en charge de la perte auditive

L’ADEME et le Conseil national du bruit ont évalué à 147 milliards d’euros le coût de la non-prise en compte des effets sanitaires et économiques du bruit.

 Mais le sujet des conséquences du bruit sur la santé n’est pas encore un sujet prioritaire pour la politique française, alors que la population, à travers l’enquête menée par la JNA 2022 (Journée nationale de l’audition) manifeste une prise de conscience de la place de l’audition dans la qualité de vie et des effets néfastes du bruit sur l’audition : 87% des français ont un comportement de protection contre le bruit, (fuir les lieux bruyants : 72%, limiter le volume d’écoute de la musique : 66%, faire des pauses silence : 46%, limiter le temps d’écoute de la musique : 44%, porter des protections auditives contre le bruit : 26%).


Pour aller plus loin


  • Le Comité Régional d’Education pour la Santé, PACA présente de nombreux outils de prévention des risques auditifs chez les jeunes :

Le fil à fil, le cousu main des documentalistes N°27 prévention des risques auditifs- écoute de la musique et prévention chez les jeunes


  • Santé BD a mis en ligne deux BD virtuelles " La santé de mes oreilles" et " je protège mes oreilles du bruit". Elles présentent une information accessible à tous dans le domaine de l'audition.

Son objectif : permettre au patient, même le plus fragile, d’être acteur de sa santé en participant de manière éclairée aux décisions médicales qui le concernent.


BD audition en FALC
BD audition protection bruit FALC


UNE BAISSE D'AUDITION IMPORTANTE QUI APPARAÎT SOUDAINEMENT EST UNE URGENCE !!!

Il faut alors se rendre dans un service d'urgences ou chez un ORL  dans les plus brefs délais pour qu'un traitement soit mis en place.

Au delà de 48 heures, la perte d'audition est généralement irréversible.

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